Madame Claude un gènie du branding.
Madame Claude était la plus grande proxénète que la France ait pu connaître du temps des trente glorieuses. Son nom est souvent associé à l’image de la belle voiture française, la fameuse DS de cette économie florissante des trente glorieuses. Elle a su tirer son épingle du jeu dirais-je d’une façon assez particulière. A travers son histoire je vais te montrer comment elle a su vraiment manier l’art du branding pour s’imposer dans un monde extrêmement masculin où la femme disons-le n’était encore mise en avant en terme de pouvoir, de poste influent…
Madame Claude, une femme incontestée dans un monde contesté.
Je trouve que c’était très bien dit. L’auteur de cette citation était “un testeur” je vous expliquerai un peu plus loin qu’est ce que ça veut dire qu’un “testeur” dans le monde de Madame Claude.
L’art de maîtriser les mots
Madame Claude avait une maîtrise des mots extraordinaire. Je ne sais pas si tu me suis, mais si tu me découvres, pour moi la définition du branding c’est vraiment être en capacité de donner une âme à son business on n’est pas au niveau de la com on est vraiment à un niveau où l’on transcende quelque chose. Et ça passe essentiellement par les mots et par les images. Et elle, avait vraiment une capacité à ce niveau là assez hors du commun. Déjà par exemple, elle ne parlait pas de prostitution mais elle remplaçait ce terme par “échange de bons services”.
“Prostituée”,(ce mot était banni) était remplacée par “les filles de Madame Claude”.
On sent bien qu’il y a une relation filiale dans cette façon d’appeler les “filles”.
Il y a un côté presque attachant. C’est tout l’inverse de ce que le mot “prostituée” représente. C’est un mot violent qui à la sonorité, frappe l’oreille. “Les filles de Madame Claude” c’est onctueux, doux et puis la signification bien sûr n’est pas la même…
Madame Claude disait que “Mon métier consiste à rendre le vice jolie” Rien que cette phrase est juste extraordinaire. C’est pour ça que je parle de branding dans ce qu’elle a fait.
Créer l’enchantement
Elle avait une capacité à créer de l’enchantement, à faire rêver les personnes autour d’un sujet qui est quand même plutôt sordide.
Il faut savoir que c’est un peu paradoxal parce que c’est une proxénète (on peut aussi l’appeler maquerelle) mais elle a été vraiment un modèle d’ascension féminin pendant pas mal d’années auprès des femmes.
Les femmes l’ont mises sur un piédestal et l’admirait. On peut le comprendre parce que c’était une femme à la fois mystérieuse, très charismatique, dans un lieu elle ne passait jamais inaperçu bien au contraire. Elle avait une telle présence qu’elle captait la lumière par elle-même. C’était une femme affirmée, indépendante, et encore une fois qui a su s’affirmer dans un monde très très masculin. En général les proxénètes dont des hommes et les consommateurs des hommes également.
Je vais vous raconter un petit peu son histoire. Quand elle était jeune, elle disait qu’il y avait deux choses qui marchaient dans la vie. Elle avait pris conscience de ça : “c’était la bouffe et le sexe” pour reprendre ses propos. Et elle a précisé qu’elle n’était pas bonne en cuisine donc elle avait trouvé sa voie… Elle savait que c’était l’un des métiers les plus vieux du monde. Je pense qu’il y avait certainement besoin de sécurité fort chez elle mais du coup elle savait qu’il y aurait toujours de la demande sur ce marché au même titre que l’alimentation.
Une conteuse hors pair.
Mais jusqu’à un certain point c’est-à-dire qu’elle s’était vraiment créer un univers de marque. Vous savez que je suis vraiment une inconditionnelle de l’authenticité dans l’image de marque. Et l’univers de marque construit de toute pièce c’est tout l’ inverse, donc je ne cautionne pas qu’on soit bien clair.
La première chose c’est que déjà, Madame Claude, ce n’est ni son nom de famille ni son prénom. Sa vraie identité est Fernande Grudet. Fernande c’est pas très glamour… On peut comprendre qu’elle change de nom. Par contre elle s’est totalement inventée une histoire par rapport à son enfance. Elle faisait croire à Paris que son père était un riche industriel, qu’elle a suivi des études chez des religieuses, qu’elle a eu un passé de résistante, (il n’y a aucun document qui a été retrouvé et qui prouve quelque chose dans ce sens). Elle a même été dire qu’elle s’est fait déportée à Ravensbrück. Alors que tout est 100% faux ! En réalité elle était originaire de Normandie issue d’une famille très pauvre. Elle crée un mythe autour d’elle. Elle se donne une image, l’image de quelqu’un qui est issu d’un milieu qu’elle souhaite côtoyer. Par la suite, certains l’ont qualifié de mythomane.
Elle n’avait pas froid aux yeux et si ça lui permettait de l’aider à arriver à ses fins, elle n’hésitait pas à enrober la réalité, de la faire plier à sa convenance. Par contre c’était une femme très créative et visionnaire.
Le téléphone commence à être un peu plus développé mais ça reste quand même un accessoire de luxe. ça coûtait cher d’avoir sa propre ligne dans son domicile. Elle comprend que le téléphone peut être transformé en accessoire de désir. C’est Madame Claude qui invente les Call Girl.
Un service de qualité
Madame Claude offre un service très très haut de gamme.
1/ Elle assure une discrétion par rapport à sa clientèle. Elle vise une clientèle d’élite, d’industriels, d’hommes de pouvoir, de politiciens, de personnes riches. Donc la discrétion est de mise.
2/ Ensuite elle garantit un certain code c’est-à-dire qu’en fait les filles reçoivent une éducation.Je vais vous en parler un petit peu plus dans quelques lignes. 3/ La promesse est d’assouvir n’importe quel fantasme de ces messieurs. ça peut être assez violent donc je ne me pencherai pas sur les détails mais voilà tout est possible en terme de fantasmes avec elle. Elle choisit uniquement des filles qui ont entre 25 ans et 30 ans qui ont une taille mannequin.
4/ Des filles “éduquées” Madame Claude éduque ses filles, elle leur transmet une culture générale, leur apprend aussi comment se tenir à table, ranger un sac, tenir une cigarette, des rudiments d’anglais (à l’époque c’était nettement moins déployé qu’aujourd’hui). Elles doivent porter des dessous exclusivement blanc.
Le but c’est de donner une illusion qu’une femme d’un soir peut devenir la femme de toute une vie.
Et c’est ainsi que la magie s’opère ! Elle va dans le sens de ce que l’homme aimerait dans l’absolu : faire croire que la femme qu’il va payer ce soir là c’est une femme de son monde et non pas une fille qui serait trouvée sur un trottoir dans des conditions assez loufoque. Néanmoins de nombreux mariages ont été issus de ce type de relation ! Des filles se sont vraiment mariées avec certains de ses clients. Donc tout n’est pas noir dans le tableau.
Marquer les filles de sa signature
Je vous rappelle que “to brand” signifie “Marquer”.
Elle marquait les filles de sa signature. Comment ?
Par la chirurgie esthétique ! Elle imposait (c’était obligatoire) à n’importe quelle fille qui rentrait dans son réseau de passer sur la table chirurgicale. Même si elle n’avait rien à se faire refaire, c’était un passage obligatoire. On voit bien qu’il y a l’idée de marquer les filles de son propre sceau, ce n’est pas anodin de toucher le corps de cette façon là.
L’art du Co-Branding
Elle savait également utiliser l’art du co-branding d’une façon assez subtile et brillante. Elle assurait une certaine forme de discrétion vis-à-vis de sa clientèle parce que c’est quand même de l’ordre de l’intimé mais il faut savoir que lorsqu’elle se faisait interviewer par les journalistes et qu’il s’agissait de “devinettes” elle laissait sous-entendre certaines choses …
Donc elle ne brisait pas le sceau du secret, ne dévoilait pas les noms noir sur blanc mais néanmoins si le journaliste était sur la piste, il n’était pas impossible qu’elle laisse sous-entendre que oui untel ou untel fasse partie de ses clients. Et pourquoi le faisait-elle ? Elle voulait bénéficier de l’aura prestigieuse de ses clients. (Je parle du co-branding dans cet article également). Il faut savoir que dans ses clients elle a eu le président John Kennedy qui notamment lui a demandé d’avoir le sosie de sa femme mais en plus libérée… Il avait elle avait également le Chah d’Iran et à chaque fois qu’une de ses filles partait en Iran pour lui, il lui envoyait un très très beau bijou… Donc ces insinuations, lui permettaient de s’inscrire dans la durée et garder sa place pour continuer à être la référence de son domaine par rapport à cette élite.
“Les dessous de Madame Claude”
Si vous me permettez ce jeu de mots, on va parler des “dessous” de la réalité…
Une femme au coeur dur.
Beaucoup de témoignages de personnes qui l’ont côtoyé de près vont dans le même sens et elle ne s’en cachait pas.Elle avait une haine de l’homme. Pour elle, l’homme était un portefeuille et la femme une marchandise, un moyen pour elle de s’enrichir.
Un maître chanteur
Même si elle garantissait la discrétion elle va finir par la monnayer. La prostitution était totalement interdite et illégale. Pour se protéger elle demandait aux filles de lui rapporter les fantasmes de ces messieurs, les confidences sur l’oreiller… qu’elle consignait dans un carnet. De quoi faire trembler pas mal d’hommes politiques ou de pouvoir.
On ne la quittait pas facilement. Si l’une des filles de Madame Claude souhaitait changer de vie, celle-ci devait rembourser le montant de la chirurgie esthétique qui lui a été imposée au début… + le montant des vêtements de luxe qui ont été investi pour elle. Il fallait avoir les moyens de se libérer. Une soirée avec une de ses filles c’était dix mille francs la soirée et elle ponctionnait 30% cash sur les 10 000 francs. Donc les filles n’étaient pas non plus dans le besoin…
Madame Claude une légende à elle toute seule
Son nom pour les personnes qui côtoyait ce milieu était un grand nom c’était non seulement un génie branding mais une avant-gardiste par rapport au personal branding et vous allez voir pourquoi.
Madame Claude c’est comme frigidaire une marque déposée
Elle avait le sens de la marque.
Prête à tout pour protéger son fonds de commerce
En plus d’être maître chanteur elle a également menacé. Une journaliste qui s’appelle Elizabeth Antébi qui à enquêté sur elle pour publier un livre sur elle. Celle-ci a reçu des menaces extrêmement violentes. Ces menaces ont été beaucoup plus violentes que celles qu’elle avait reçues lorsqu’elle avait publié le livre “droit d’asile en union soviétique” donc c’est dire…
La chute
Le président Valéry Giscard d’Estaing qui a découvert ou pressenti que Madame Claude avait essayé de le piéger en lui jetant une de ses filles dans ses bras. Et il n’a pas aimé du tout… Il a senti que c’était vraiment quelqu’un qui voulait prendre le pouvoir sur les hommes et donc tirer un peu les ficelles. Lui refusait d’être sous son emprise et a fait en sorte de la démasquer, de la coincer d’une manière ou d’une autre. Ce fut compliqué mais il a réussi à la faire arrêter. Ce qu’il l’a aidé c’est que le personnel des sphères du pouvoir s’était renouvelé donc ce n’était pas des anciens clients qui avaient consommé les services de Madame Claude.
La deuxième chose c’est par le biais du fisc. Elle ne déclarait pas grand chose si ce n’est rien. Elle a été condamnée à une amende de 11 millions de francs avec dix mois de prison avec sursis. Elle a essayé d’échapper à sa condamnation en s’exilant aux Etats-Unis. Elle a monté une boulangerie là bas mais ce fut un véritable fiasco. Elle a fait faillite c’était vraiment pas fait pour elle et donc huit ans plus tard elle est revenue en France où elle a été de nouveau arrêtée. Elle a fait une courte peine ; elle en est ressortie.
Chassez le naturel…. Il revient au galop…
Ce fut plus fort qu’elle, elle s’est remise en activité en tant que proxénète.Sauf qu’une commissaire la soupçonnait et s’est mise à enquêter sur elle. Elle avait tellement peur que son enquête fuite au sein de son service ou même au niveau de sa hiérarchie qu’elle n’avait parlé à personne de son enquête. Elle fait le maximum pour la tenir confidentielle pour ne pas tomber sur quelqu’un de corrompu ou qui aurait été sous l’emprise de Madame Claude.
Elle prend en flagrant délit Madame Claude en train d’examiner le corps d’une fille en petite tenue. Elle a été condamnée à 36 mois de prison dont 30 avec sursis. Donc elle n’a eu que six mois de prison ferme.
A la suite de ça, elle s’est rangée.A 69 ans quand elle sort de prison elle gagne sa vie avec des interviews, elle réalise des shootings photos aussi dans des tenues suggestives. Elle finit seule et vit chichement.
Elle finit par mourir en 2015 à l’âge de 73 ans. Il y a seulement 6 personnes qui se déplacent à son enterrement. Sur les 6 personnes, quatre étaient des coiffeurs qui collaboraient avec elle. C’est assez triste.
Qu’est-ce qu’un testeur … ?
Au début de l’article je vous parlais d’un certain testeur. Quand elle prenait des filles elles les formait et parfois ça pouvait prendre plus d’un an voire un an et demi pour former une fille. Et avant de les mettre au service de ses clients, elle les confiait à des testeurs. Donc c’était quelques hommes de son entourage qui testaient les performances au lit des filles le temps qu’il fallait pour qu’elles soient vraiment prêtes à répondre aux desiderata de ces messieurs.
Je n’enjolive pas la réalité, bien au contraire, il y a une dimension assez fascinante chez cette femme comme il y a une dimension qui fait froid dans le dos.
Je dirais que la leçon de cette histoire c’est que oui le branding est très puissant quand on sait le manier après si on l’utilise de manière malveillante ou égocentrique ça se finit par se retourner d’une manière ou d’une autre contre nous. C’est pour ça que j’ai vraiment à cœur de prôner le branding authentique et bienveillant parce qu’en fait quand on l’utilise dans ce sens là c’est merveilleux il y a une dimension presque magique, un sentiment de bien-être. Et même plus puissant que ça parce qu’ il y a un tel alignement dans l’invisible qu’il se passe quelque chose.
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